Avec un accès à des transactions ciblées auprès de plusieurs gérants de Private Equity, des frais allegés et un capital rapidement mobilisé, le co-investissement redéfinit les standards du Private Equity. À l’heure où chaque point de rendement compte, les fonds de co-investissement séduisent un nombre croissant d’investisseurs à la recherche d’exposition directe aux meilleurs deals du marché. Analyse d’une stratégie différenciée : concept, structuration et bénéfices pour l’investisseur.
Le principe du co-investissement
Dans les structures de Private Equity classiques, les investisseurs (LPs) s’engagent dans un fonds géré par un General Partner (GP), qui se charge de déployer progressivement le capital sur plusieurs années, au sein d’un portefeuille diversifié. Le co-investissement permet à un LP de participer directement à une transaction individuelle, aux côtés du fonds majoritaire, sans intermédiaire supplémentaire.
Concrètement, le GP mène la transaction, mais propose à un ou plusieurs LPs d'investir en parallèle dans une société cible, souvent via un véhicule ad hoc créé spécifiquement pour cette opération. Le co-investisseur est minoritaire, sans rôle exécutif, ni responsabilité de gestion.
Pour le GP, ce mécanisme lui permet d’augmenter la taille des tickets investis tout en respectant les contraintes de diversification internes au fonds (concentration par actif). Cela ouvre la voie à des deals plus significatifs sans déstabiliser l’équilibre du portefeuille global. Le co-investissement permet à au LP de choisir, parmi les dossiers sélectionnés par le fonds, ceux qui correspondent le mieux à sa stratégie ou à ses convictions. Il bénéficie ainsi d’un accès privilégié à l’analyse réalisée par l’équipe d’investissement, ce qui lui donne une vue claire de la méthode et du processus du gérant. Les conditions financières offertes aux LPs sont souvent plus attractives : les frais de gestion et le carried interest sont réduits, voire inexistants.
De l’approche opportuniste à une stratégie structurée
L’essor du co-investissement ne relève plus uniquement d’une logique de complément aux fonds primaires. Il s’inscrit désormais dans une dynamique de construction de portefeuilles cohérents, via des fonds spécialisés : les fonds de co-investissement. Ces derniers sont gérés par des équipes dédiées, qui bâtissent une diversification active en sélectionnant des deals proposés par une pluralité de GPs.
L’accès à ce type de transactions repose généralement sur une relation de confiance préalablement établie avec les gérants, souvent à travers un engagement dans leurs fonds primaires. Les équipes des fonds de co-investissement exercent ensuite un travail d’analyse et de sélection indépendant, et y appliquent leurs propres frais (souvent inférieurs à ceux des fonds primaires).
Selon Pitchbook, les encours sous gestion dans les fonds de co-investissement ont franchi 400 milliards de dollars début 2025, un chiffre qui reflète la structuration croissante du segment. Par ailleurs, la majorité des fonds levés depuis 2020 sont généralistes, illustrant l’émergence récente d’une approche plus construite du co-investissement, orientée vers la construction d’un portefeuille diversifié, là où une logique plus opportuniste prédominait auparavant.
Les atouts des fonds de co-investissement
Les fonds de co-investissement présentent de plusieurs avantages, à commencer par une structure de frais plus légère. Dans un fonds primaire classique, l’écart entre la performance brute et la
performance nette pour l’investisseur s’explique principalement par la présence de frais standards, tels que 2% de frais de gestion annuels et 20% de carried interest. Les fonds de co-investissement sont généralement proposés avec des frais inférieurs à ceux des fonds primaires. Cette différence de structure permet une meilleure conversion du rendement brut en rendement net, ce qui explique leur attrait croissant auprès des investisseurs. Selon Blackrock, entre 2006 et 2018, les fonds de co-investissements ont ainsi généré des rendements annuels supérieurs à ceux des fonds primaires sur la même période. Cette surperformance repose à la fois sur cette structure de frais optimisée et sur le double niveau de sélection : d’abord par le gérant, qui choisit les meilleures opportunités pour son fonds, puis par l’équipe de co-investissement, qui retient les dossiers qu’elle juge les plus attractifs.
Au-delà de la dimension économique, les fonds de co-investissement se distinguent également par leur capacité à offrir une exposition diversifiée. En agrégeant des opportunités issues de multiples gérants, ils permettent d’accéder à une grande variété de secteurs, de zones géographiques et de tailles d’entreprises, bien au-delà de ce qu’un fonds traditionnel peut généralement offrir à lui seul.
Enfin, la vélocité de déploiement constitue un avantage opérationnel notable. Alors qu’un fonds primaire met souvent entre quatre et cinq ans pour investir l’ensemble de son capital, un fonds de co-investissement est généralement déployé sur une période bien plus courte, comprise entre 12 et 24 mois. Ce rythme accéléré permet une mise au travail plus rapide du capital pour l’investisseur et peut contribuer à raccourcir la durée de vie totale du véhicule. En fonction de leur structure juridique, certains fonds peuvent également bénéficier d’un traitement fiscal avantageux offrant ainsi un cadre adapté à certains investisseurs selon leur situation ou leur juridiction.
Longtemps réservé à une poignée d’investisseurs institutionnels, le co-investissement est désormais plus largement accessible grâce à l’émergence de véhicules dédiés mis en place par des équipes aguerries. Dans un contexte de volatilité accrue des marchés cotés et de compression des rendements, il offre une exposition ciblée à plusieurs gérants de Private Equity au sein d’un portefeuille diversifié, tant sur le plan géographique que sectoriel. Pour se distinguer, les équipes de fonds de co-investissement doivent néanmoins avoir tissé des relations solides avec les gérants et disposer d’une véritable expertise d’investissement. Ces deux qualités – réseau et expérience – constituent des critères essentiels que tout investisseur devrait examiner avant de s’engager dans un fonds de co-investissement, en gardant à l’esprit que la diversification et la rigueur dans la sélection des opportunités contribuent à une gestion maîtrisée des risques propres au Private Equity.
Sources :
• PitchBook, Co-Investment Fundraising Report – Q1 2025, 2025
• BlackRock, basé sur les données Preqin, Global Co-Investment Performance Overview, 2024




